COVID : LES NANTAIS VONT ENFIN VENIR AU VOYAGE-VOYAGE A NANTES

                                    

Beaucoup ont en entendu parler. Mais pour la grande majorité des habitants de l'agglomération, le Voyage-Voyage à Nantes est une énigme. Les résultats d'une récente enquête sont sans appel. 82% des locaux pensent qu'il s'agit d'une campagne de publicité pour promouvoir Nantes. Pour 74%, l’événement est reservé aux touristes. Plus grave, pour 98% des personnes interrogées, la Place Royale recouverte de mousse et de bulles de savon  est une œuvre du Voyage-Voyage à Nantes.

DECONFINEMENT ? DECONFITURE

Déconfinement incertain, ouverture des frontières peu probable, coupes budgétaires drastiques... Le Voyage-Voyage à Nantes va devoir se réinventer. Grave et solennel, Jean Balèze nous déclare : «Nous sommes en guerre. Il y a aura un avant et un après Voyage-Voyage à Nantes. Nous menons cette bataille, ce combat, que dis-je, cette lutte, contre un ennemi invisible : notre inutilité. Notre nouvelle croisade est la suivante : retrouver la foi des Nantais en notre cause. Pour cela, les Nantais seront enfin autorisés à venir découvrir le Voyage-Voyage à Nantes, mais aussi... (il serre les dents), mais aussi... (des larmes coulent sur son visage) à y participer en le co-contruisant (il manque de s'évanouir). Car je le répète : nous sommes en guerre. Nous n'avons d'autre choix que d'unir nos forces ».

NOS VOISINS CONFINES ONT DU TALENT

Le confinement a révélé la puissance créatrice de nos voisins, ces géniaux inconnus. Opérettes au balcon, groupes de musique enregistrant à distance, poètes révélant leur prose, photographes amateurs talentueux, vidéastes ingénieux, humouristes en herbe... On découvre, avec une naiveté émerveillée que le type du 2eme, aka le « pervers psychopate » fait des sérigraphies splendides. Que la « cassos » du rez de chaussée confectionne des sculptures en PQ absolument troublantes. Hormis ce DJ au style breakcore-tribal-apocalypse qui visiblement n'a pas eu la reconnaissance méritée pour son dj-set (48h non stop), les témoignages abondent dans le sens de la découverte de ces incroyables talents qui vivent... sur le palier d'en face !

RESPIRER, PENSER, CHIER, ET SE CULTURER « LOCAL »

«C'est ce vivier de talents locaux que nous souhaitons dorénavant mettre en avant lors du Voyage-Voyage à Nantes. C'est une totale remise en question de notre stratégie qui se veut dorénavant en circuit-court, avec le moins d'empreinte carbone possible.». Opportunisme? Réponse à la fracture sociale et la déconnexion des élites dénonçée par les Gilets Jaunes? Jean Balèze et la la municipalité, en fins limiers de l'humeur de l'époque, semblent pour le moins enthousiastes et soutiennent à 100% ce nouveau paradigme. Mais d'avouer en apparté ; «Vu la gifle budgétaire qu'on va prendre, on ne va pas demander à Buren de nous refaire un deuxième trou de balle éclairé la nuit ».

Y SONT... JAMAIS CONTENTS !

Ce revirement de cap en pleine pandémie, fait fortement tousser. Un collectif d'artistes nantais en colère préfère en rire. « Depuis des années, la politique culturelle de Nantes est à l'image de son ambition dévorante. Nantes s'est inscrite dans un modèle à bout de souffle. Prise au piège de l'équation culture = croissance, elle ne s'est jamais remise en question. Ce n'est pas parce que tu habilles ton projet avec des artistes branchés que tu n'as pas la même finalité absurde que Disneyland. La différence ? Disneyland a la franchise d'être fake ! Nous, Nantais, on vit dans ce putain de parc d'attractions en mode figurants.» Jean Baleze, qui a pris le temps de lire Pierre Rabbhi durant le confinement, assure que désormais il sera le chantre de la « sobriété heureuse ». Il nous rassure sur ses intentions : « A l'instar de 2008 ou l'humanité a grandement su tirer des leçons de la crise financière, nous agirons avec sagesse pour infléchir notre politique culturelle »