RELAXE POUR LE VANDALE DE GRASLIN

Jean-François Pignon, dit «le vandale de Graslin», a finalement été relaxé. Le destin de cet homme de 42 ans, salarié d’un cabinet comptable et père de deux filles, avait basculé le 2 Aout 2017. Venu l’été dernier en famille pour le Voyage-Voyage à Nantes, il avait semé la panique au théâtre Graslin devant l’œuvre de Nicolas Darrot, BLKTRNTN, cet immense drapeau noir en référence au groupuscule anarchiste londonien de Black International.

ENVIE DE «TOUT PETER»

En présence de son épouse et ses deux filles, alors qu’il scrutait en silence le flottement cadencé du drapeau noir, l’homme fut pris d’une folie soudaine. Devenu incontrôlable, il s’était mis à saccager des sièges en les déchirant furieusement à l'Opinel. Plusieurs témoins évoquent une rage terrifiante, et rapportent les propos hurlés par l’homme: « L’establishment ! L’establishment ! Ils vous la mettent dans le cul ! Ne voyez-vous donc pas qu’ils se foutent de votre gueule avec leur Voyage-Voyage ? Tout cela n’est qu’une mascarade ! Touriste, tu n’es qu’un pigeon !  Tu es devenu leur chose, tu n’es qu’un numéro parmi leurs statistiques de fréquentation ! Touriste, tu crois te culturer mais tu n’es qu’une nuitée d’hôtel ! Brûlons ce Voyage-Voyage bourgeois, symbole de l’ordre établi ! Organisons-nous pour créer notre propre Voyage-Voyage sans Dieu ni Maître ! ». L’homme, visiblement possédé fut maîtrisé après avoir causé pour 22 500 euros de dégâts.

RELAXE MAX

Autant dire que ce 15 juin, le jugement était très attendu. Maître Guy Messe, l’avocat de la défense, brillant lors de sa plaidoirie, s’est efforcé de convaincre la cour que l’acte de Jean-François Pignon était en réalité une «performance artistique inconsubconsciente». Au cœur d’un procès au parfum de scandale, les magistrats ont retenu cette hypothèse comme recevable et, après délibération, ont finalement prononcé la relaxe du prévenu. Ajoutant même « que l’œuvre BLKTRNTNL a eu une incidence réelle sur le psychisme de Monsieur Pignon, et en tout état de cause, une responsabilité morale sur son comportement et ses actes ».

SURPRENANTE REACTION DE JEAN BALEZE

Si la Mairie de Nantes et la directrice du théâtre Graslin ont froidement accueilli cette décision et se refusent à tout commentaire, Jean Balèze, lui, est totalement emballé : « Mais ouuuuui! C’est le but de l’art que de provoquer! De faire vibrer! De s’exprimer ! Là il se passe un truc. La rage de ce Monsieur, même à l’encontre du Voyage-Voyage à Nantes, c’est génial ! » Il ajoute en éclatant de rire : « Et puis, franchement, la transgression, cela n’existe plus de nos jours… les gens achètent des sweat-shirts OBEY. Non, franchement, tant mieux, c’est du Buzz pour nous. » Alors que nous poursuivons la discussion avec lui, il nous avoue surpris par l’incroyable coïncidence avec le nom du prévenu. Et de nous avouer en chuchotant : « Quand même, le mec s’appelle Pignon… C’est dingue. Au sein de l’équipe, cette œuvre, c’était vraiment notre dîner de cons. Qu’est-ce qu’on s’est marré à observer la réaction des touristes… Entre les révolutionnaires venus en SUV et ceux qui y voient Daech…quelle poilade ! »

UNE MANIFESTION FESTIVE POUR FETER CA

Jean François Pignon est devenu malgré lui une icône de la mouvance anarchiste, et les réseaux sociaux ont rapidement relayé la nouvelle. Samedi prochain une BLACK BLOC PARTY sera spontanément organisée pour célébrer la décision du tribunal. Ce rassemblement se veut à caractère « festif » et chaque participant est inviter à venir vêtu de couleur sombre « festive », de se munir de chaînes de vélos « festives », de cocktails Molotov « festifs », de billes de plombs « festives » et de raquettes de tennis « festives ». N’oubliez pas vos masques ! Espérons que la non-présence de CRS ne vienne pas gâcher cette belle fête…